2 septembre 2013

« Abattre les murs » Regards sur l'ancienne prison au Grenier à Sel

L'ancienne prison Sainte-Anne, qui n'est plus centre de détention depuis 2003, dresse toujours son imposante silhouette, désormais vide, hérissée de barbelés, au pied du Rocher des Doms. Les portes closes sur l'univers carcéral et ses traces interrogent, déroutent, dérangent. Il y a là, encore bien prégnantes, la trace de présences , la violence imprimée au lieu. Car c'est clair, si la prison appelle au regard de l'artiste, c'est bien parce qu'elle n'est pas seulement un lieu vide. 






Geneviève Gleize s'intéresse aux lieux abandonnés par l'homme, mais qui gardent encore les traces de l'activité passée, qu'ils soient industriels ou comme ici, lieux où vivaient enfermés, confinés, privés de toute intimité, des hommes et des femmes.
C'est en 2010 que Geneviève Gleize a pu obtenir l'autorisation d'entrer dans ce bâtiment voué à la fermeture, pour s'imprégner durant plusieurs mois de l’atmosphère du lieu, braver la violence qui s'en dégage encore, pour réaliser plus de deux mille clichés dont elle a retenu les 45 photographies de cette exposition, dont certaines sont tirées sur plaques offset.
Le musicien Jean Cohen-Solal s'est joint à elle pour tenter de capter, sur place, l'ambiance sonore de la prison, les bruits métalliques des portes, rares verrous encore en place, grilles... et surtout le silence. Une bande son restituera un paysage sonore, complété lors des concerts organisés dans le cadre de l'exposition par les flûtes de Jean Cohen-Solal.
Plus qu'une exposition traditionnelle de photographies, dans chacune des salles, une installation va proposer à chaque visiteur de trouver ses propres marques, appréhender cet univers, grâce à une mise en scène de Violette Cros.


















Genviève Gleize et Jean Cohen-Solal

Ce ne sont  pas seulement les murs de la prison que les artistes se proposent d'abattre, mais ceux, aussi, qui barrent notre vision d'un monde dont nous ne savons pas grand chose.   Chaque occasion de nous interroger, de secouer nos certitudes, est à saisir. Le regard des artistes nous fournit les pistes, à nous de les suivre...

Pour les Avignonnais ce lieux résonne encore de ce qu'il fut, et la question de son devenir restera encore en suspens.


« Abattre les murs »

Grenier à Sel - 2, rue du Portail Saint Lazare – Avignon
Tous les jours de 14h à 19 heures
de 10h à 19 heures pour les journées européennes du Patrimoine
Concerts : les 18-19-20 et 21 septembre à 21 h. 10€
réservations au 06 66 52 52 38 

3 commentaires:

Michel Benoit a dit…

Il me semble que la plupart des Avignonnais n'ont pas grand chose à faire de l'ancienne prison !
(Poliment dit.)
Ceci dit, ce sont manifestement les artistes qui sont le plus interpellés par ce lieu en devenir.
Le travail de mémoire sur la souffrance que permet Ste-Anne pourra-t-il faire évoluer la vision sociétale des "repris de justice" ?
Une goutte d'eau en tous cas...

jeandler a dit…

Sobre et belle affiche.
Une beau projet que celui d'abattre les murs. Ils ne tombent que rarement seuls.
Il faut souhaiter de nombreux visiteurs pour cette manifestation.

Fardoise a dit…

Souhaitons de nombreux visiteurs, oui.
Souhaitons aussi que goutte après goutte le travail des artistes interpelle.