8 novembre 2010

Taguée

Au 14 de la rue Baracane, une ruelle qui donne sur la rue Portail Magnanen, ce petit cadre sculpté décore une façade :


Il ne s'agit pas d'une niche "oratoire", mais peut-être d'un cadre pour un relief aujourd'hui disparu, ou n'ayant jamais été exécuté.  Je l'ai tout de même inclus dans ma liste des niches (voir la page consacrée à ce sujet ICI ), car j'aime beaucoup son air baroque.
C'est pour moi l'occasion de continuer ma série sur les grafs et les tags et parler de la politique de la ville pour lutter contre ce fléau. En effet une campagne de nettoyage intensif et systématique vient d'être lancée, on ne peut que s'en féliciter, même si, en tant que contribuable j'ai l'impression de me faire "arnaquer". J'explique, la ville a décidé de prendre les frais à sa charge (et donc à la notre) et plutôt que de poursuivre les tagueurs elle préfère poursuivre les propriétaires qui ne feraient pas appel au service de nettoyage des tags. Ce service est assuré par une société privée et cela coûtait déjà 270 000 euros, qu'en sera-t-il si ce nettoyage s'intensifie ?
Pourquoi ne pas chercher à traiter le problème en amont par une campagne dissuasive. La ville reconnait d'ailleurs (*) intensifier tous ses efforts de nettoyage, qui sont au final mis à mal par une poignée de personnes seulement. C'est vrai que les amandes ne sont pas dissuasives, la poursuite pénale n'est pas non plus la solution, alors que faire ? On pense bien sûr à un travail d'intérêt public, en l'occurrence le nettoyage des tags, mais il parait que c'est bien trop complexe à mettre en place. Il semble surtout qu'il n'y ait pas de vraie volonté à rechercher les tagueurs,. Faire connaitre leur identité pourrait être dissuasif, non ?
Le débat est lancé, j'espère qu'il aboutira à une solution.

(*) source  : le mensuel d'information de la ville d'Avignon  d'octobre 2010.

19 commentaires:

Michel Benoit a dit…

La campagne dissuasive a commencé.
Sous la forme d'affiches dans les panneaux "sucette".
Mais je n'en ai pas vu encore beaucoup.
En fait je n'en ai vu qu'une pour le moment.
On se préviendra mutuellement de la découverte de ces affiches !
Celle que j'ai vue est rue St-Charles.

jeandler a dit…

Problème sans réponse vraie...
Le tagueur - il faut ici le constater - a bon goût et a cru trouver là un cadre de bon aloi pour recevoir l'expression de son mauvais goût. Là où personne jusqu'ici n'avait osé mettre sa marque, lui l'a fait! La marque du mépris.

Tilia a dit…

Mêmes problèmes à Paris et Roubaix (et sûrement dans bien d'autres villes) avec des méthodes coûteuses, toxiques pour les employés qui les appliquent et, en fin de comptes, inefficaces...

Fardoise a dit…

Je n'ai pas encore vu de ces affichettes, mais par contre des personnes repeindre, passer le kascher, oui.
Jeandler tout à fait d'accord pour la marque du mépris.
Oui ces méthodes sont coûteuses et toxiques aussi, mais on peut difficilement laisser cette pollution visuelle.

Chemineau des rues a dit…

Je viens parfois sur votre blog intéressé par votre mise en ligne des statues de vierges. J'en ai vues d'épouvantablement taguées à Marseille. Je fais un inventaire des sculptures en bois (vierges, personnages, bestiaires) en zone de moyenne montagne et suis donc très sensible à tout ce qui est dégradation de l'environnement rural ou citadin. Le paradoxe de ces tags est qu'ils ne font finalement réagir certains que lorsque eux-mêmes sont directement touchés. Sinon ils trouvent, à la limite, que cela fait partie de l'évolution de nos cités. Sans compter avec les tenats du "graf" perçu comme art de la rue. En fait le graf, sauf sur les murs qui lui sont expressément dédiés, est une forme de privatisation égoïste de l'espace public, quand ce n'est pas de l'espace privé. Faudrait voir comment ils réagiraient s'ils avaient leur façade ou leur appartements dégueulassées ! Les sanctions pénales sont ridicules et parfaitement inadaptées. Aucune prévention n'est possible dans ce domaine car on se heurte à un mur d'indifférence et plus on sensibilise plus on fait le jeu de ceux qui tirent gloriole du tapage fait autour de leurs méfaits. Travaux d'intérêt général, divulgation des noms lorsqu'ils sont jugés, amendes à la hauteur du préjudice..Oui. Mais vous allez heurter les bonnes âmes d'une certaine gauche qui a totalement perdu ses repères et qui n'a de cesse que de voir dans tout acte gratuit, aussi vil soit-il, un geste de "révolte". Quand on sait que ce sont souvent des fils de bourges qui manient la bombe à taguer, c'est savoureux.
Je vis le plus clair de mon temps dans les Vosges, région peu touchée par le phénomène. Est-ce parce que les gens sont plus proches les uns des autres et que, à la moindre connerie d'un jeune (ou d'un vieux d'ailleurs) tout le monde réagi, et fermement? Mais aujourd'hui mettre une claque à un voyou risque de vous conduire devant les tribunaux ! Bon courage et en espérant que votre ville va pouvoir arrêter ce fléau.

nathalie a dit…

Effroyable exemple ici - cette niche est un amour, le tag un affront.
Rechercher les coupables, rendre leurs noms publics, peut-être les promener dans la rue et les livrer à la vindicte de leurs concitoyens ? (je me prends à rêver à des châtiments terribles car je pense qu'ils seraient bien malmenés !)

En tout cas je suis choquée que la campagne de la mairie ne concerne que le nettoyage et pas la prévention. Le nettoyage, ce n'est pas la solution ! Pourquoi pas des comités citoyens de quartier ?

Pour info, il y a un autre panneau au début de la partie piétonne de la rue Banasterie, au coin des halles (tout près du laboratoire d'analyses médicales).

Fardoise a dit…

Merci pour ce commentaire. Beaucoup d'Avignonnais pensent de même, y compris en ce qui concerne l'origine sociale des tagueurs, qui expliquerait notamment que la municipalité ne veuille pas, non seulement les poursuivre, mais déjà les connaître.
J'y vois plutôt une manifestation potache qu'une expression de liberté. Mais c'est clair il s'agit bien de la soi disant liberté d'une toute petite minorité contre la liberté de tous, et je ne parle pas que des habitants de maisons taguées.
D'une manière générale, aujourd'hui on ne respecte plus du tout le bien public et on se fout de son environnement.
Plus grave, il y a des sujets dont on ne peut pas parler sans être jugé de ceci ou de cela, alors qu'ils sont tout simplement des problèmes qui concernent tout le monde. Et pendant ce temps les discours xénophobes vont bon train...

Fardoise a dit…

Nathalie, je ne voulais pas aller jusqu'à livrer les coupables à la vindicte "populaire", mais simplement les faire sortir d'un anonymat bien confortable.
Il commence à y avoir une mobilisation des quartiers mais sans mesure à la sortie, cela ne servira à rien.

Michel Benoit a dit…

Seconde affiche rue Bonneterie.
Un point pour Nathalie.

Tilia a dit…

J'ignore à quelle hauteur de la façade se trouve cette simili niche, car la rue Baracane n'est pas visible dans la globoule.
Mais ta photo Fardoise, révèle, quand on la regarde de très près au maximum de son agrandissement, deux choses.
D'une part, une inscription qui me paraît être en latin (?) au dessus de la "niche" et qui se poursuit (?) dans la partie inférieure de ce "cadre" où je déchiffre "Notre Dame de.....". Je me demande s'il pourrait s'agir d'une ancienne niche en partie bouchée...

D'autre part les traces de blanc, qui strient bizarrement le tag "16.ART" inscrit en noir, me paraissent suspectes...

Par ailleurs, je me suis demandé si ce tag a un sens. "16.ART" est le pseudonyme d'un Dj prénommé "César" originaire du Vaucluse. C'est aussi le nom d'une galerie d'art de Bayonne, ainsi que celui d'un restaurant cacher du 16ème à Paris !...

Fardoise a dit…

J'ai vu deux de ces affiches, effectivement rue St Charles et rue Raspail me semble-t-il. Je ne sais pas du tout quel impact elles auront.
Tilia qu'elle vue ! Je n'étais pas parvenue à déchiffrer l'inscription, les inscriptions. Visible le fond a été soit bouché, mais mal, ce qui semble étrange ou plutôt massacré. Quoi qu'il en soit cette niche est mystérieuse, de par son emplacement et de par son allure.
Pour le tag, peut être cela signifie-t-il César, mais, pour moi, cela ne présente pas beaucoup d'intérêt de savoir à qui ou à quoi cela peut faire référence du moment que le but est le mystère. Qu'il demeure ce mystère, sauf si cela peut aider à retrouver l'auteur.
J'aimerais beaucoup plus pouvoir déchiffrer les inscriptions dans la pierre...
Néanmoins, bravo pour ta sagacité.

Michel Benoit a dit…

J'ai vu deux autres affiches route de Marseille, à hauteur de St-Chamand.
Deux différentes.
Sur l'autre, on peut lire "Les avignonnais se mobilisent contre les tags".

Fardoise a dit…

J'en ai vu une aussi rue Thiers.

NIkO / LKCH"TT a dit…

Pour ne pas trop m'étendre en détail, ça risque d'être bien trop long, je reviens juste sur la campagne d'affichage qui bien que partant d'un bon sens fédérateur, est faite d'une très mauvaise manière.

J'étais reçu par Madame le premier adjoint au Maire ce Vendredi, accompagné de représentants de quartiers, et d'autres acteurs actifs d'un mouvement. La municipalité à bien saisi cette erreur de langage de leur part.

Là ou l'affichage sensibilise la population, ce qui est louable, elle fait surtout doucement rigoler le petit vandale. Les photos sur ces affiches représentent des murs et des stores d'Avignon, alors qu'elles auraient du représenter des murs lambdas comme en trouve des milliers sur les banques d'images.

Je m'explique.
Pour les photographes qui sont ici, imaginez que demain on interdise la photographie, et que la ville se lance dans un campagne "Avignon en lutte contre la photo" et placarde des affiches de sensibilisation à l'action menée.
Sur une affiche, une photo prise par l'un ou l'une d'entre vous, ne seriez vous pas les premiers à tenter de récupérer ladite affiche pour l'encadrer chez vous?

cette campagne d'affichage est donc à double tranchant, oui elle fait parler et porte le problème, mais d'un autre côté c'est génial pour celui qui va reconnaitre son tag, placardé dans toute la ville sans bouger de son canapé ni risquer quoi que ce soit.

C'est un tout petit détail je le concède, une petite erreur, mais elle a toute son importance car on ne peux pas cracher sur quelqu'un tout en lui faisant de la pub gratuite.

Donc après cette concertation en Mairie, la campagne va sûrement quelque peu se modifier prochainement.

Pour le reste, les choses sont bien plus complexes qu'elles n'y parraissent, et j'y laisse à chacun son jugement, que je partage même si j'y voit trop souvent de clivages et d'agressivité.

Michel Benoit a dit…

C'est effectivement un détail.
Peut-on parler de pub envers quelqu'un qui ne sera reconnu que par lui-même, voire un tout petit nombre ?

Michel Benoit a dit…

Et pire, montrer un tag, c'est accuser par l'identification.

Fardoise a dit…

C'est certain que le sujet est complexe. La campagne d'affichage est totalement contestable, et même si l'on annonce des amandes, élevées d'ailleurs, si elles ne sont jamais appliquées, quel effet dissuasif peuvent-elles avoir ? Je suis d'accord avec Avignon, montrer les tags n'est en rien une publicité pour leur auteur, mais peut servir à ceux qui les référencent pour remonter à la source. Une publicité pour l'action elle-même, et c'est là que je me pose la question de trop les montrer.
En ce qui concerne les photos, je sais que l'on peut me demander de les enlever de mon blog, il y a un avertissement dans ce sens en haut à gauche. On n'est pas libre de tout photographier... Mais un blog est personnel, rien à voir avec un graffiti sur une façade privée ou publique.

Anonyme a dit…

arrêtez de parler d'amande SVP MDR.
arrêtez aussi mesdames et messieurs les bien pensants de dire que ce sont des fils de bourges qui taguent votre patrimoine : ce n'est pas l'exception qui confirme la règle.
Moi je rêverais de voir des timbres amendes comme pour les stationnement, ou de voir ces petits cons habillés en rayés, chaines aux pieds en train de nettoyer ; je rêverais tout simplement de voir ces bombes de malheur interdite de vente pour cause de salubrité publique

Fardoise a dit…

C'est la ville qui parle d'amandes, sans les appliquer. Je doute que ce soit efficace.
Mais merci, pas d'insulte, je ne veux pas être cataloguée "bien pensante" :-)